Communiqué de presse – Une victoire à l’arrière-goût amer

28 février 2016

La Coordination genevoise contre l’exclusion et la xénophobie (Stopexclusion) salue la victoire du large front qui s’est levé face à la dangereuse initiative de l’UDC. Il faudra qu’à l’avenir une telle dynamique se mette en place à chaque fois que l’état de droit se trouvera menacé – et les occasions ne tarderont pas à se représenter. Un tel mouvement a manqué par le passé, entraînant l’approbation de dispositions embarrassantes voire avilissantes pour notre pays. En ce sens la victoire d’aujourd’hui reste entachée par la défaite de 2010 ayant abouti à l’adoption d’un article constitutionnel discriminatoire qui entrera en vigueur prochainement.

Stopexclusion se réjouit de voir un texte contraire à l’état de droit être rejeté aussi nettement. Dans le canton de Genève en particulier, où Stopexclusion a mené campagne, le texte de l’UDC est rejeté avec une vigueur sans équivoque (63,7%). Pendant cette campagne, les initiants ont menti comme des arracheurs de dents : parler de «mise en œuvre» tout en allongeant la liste des délits passibles d’expulsion, distribuer une lettre tous-ménages au nom du «comité pour le sauvetage de la place industrielle suisse», prétendre que le Parlement refuserait de mettre en œuvre la volonté populaire sortie des urnes en 2010, etc.  Le vote du peuple sanctionne heureusement ces procédés douteux qui nuisent au débat démocratique.

La victoire est le fruit de la mobilisation d’un front sans précédent, notamment au niveau national et alémanique. Il est réjouissant de constater que l’implication de nombreux-ses citoyen-ne-s, artistes, professeur-e-s, entrepreneur-e-s, etc. peut payer. Il s’agira demain de ne pas relâcher l’effort. Ici le camp du NON a profité d’un effet post-9 février encore frais, d’une initiative particulièrement inique, doublée d’une loi préparée par le Parlement extrêmement sévère rendant l’initiative inutile. Si ce n’est que dans ces conditions que l’on peut gagner contre l’UDC, il y a de quoi rester sur ses gardes. Le répit sera court jusqu’au vote sur l’initiative UDC contre le droit international (trompeusement baptisée « contre les juges étrangers »). L’enjeu sera là au moins aussi grand pour l’avenir du pays, et c’est une énergie encore plus grande que ces dernières semaines qu’il faudra mettre pour faire une nouvelle fois barrage.

De son côté, Stopexclusion a modestement profité de cet élan général et remercie toutes les personnes qui se sont mobilisées. Nous remercions aussi nos soutiens financiers, parmi lesquels une multitude de petits donateurs, qui nous ont permis de faire campagne avec quelque 20’000 francs.

L’article constitutionnel et sa loi de mise en œuvre adoptée par le Parlement entreront bientôt en vigueur. Ces dispositions, qui vont déjà plus loin que ce que l’initiative de 2010 demandait, peuvent paraître acceptables à certains Pas à StopExclusion. Cette nouvelle législation est le signe que la Suisse dérive, sous l’effet d’un courant populiste et xénophobe qui traverse toute l’Europe. Dans ce contexte, Stopexclusion entend rester un repère fixe: nous rappelons ici que les dispositions de la première initiative sur le renvoi introduisent dans notre Constitution un principe de discrimination entre nationaux et étrangers. Un même délit, et notamment le seul abus d’aide sociale, n’engendre pas la même peine en fonction du passeport des justiciables. C’est affligeant. De son côté Stopexclusion continuera de se ranger derrière l’article 8 de notre Constitution: tous les êtres humains doivent être égaux devant la loi.

 

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