18.05.2013 | Le dossier spécial « asile » du Courrier

Le Courrier a publié un dossier sur la votation du 9 juin 2013…

Dessin de Bénédicte, 2013

Dessin de Bénédicte, 2013

L’éditorial de la rédaction du Courrier: « Question d’humanité »

Pourquoi tant de haine? Le mot peut paraître fort, il semble pourtant à la mesure du rejet exprimé par les Suisses, depuis un quart de siècle, à l’égard des candidats à l’asile. De réformes en refontes, décidées par les Chambres fédérales puis confirmées en votation, les conditions de vie des requérants se sont terriblement dégradées, tandis que leurs chances d’accéder au refuge politique se sont réduites comme peau de chagrin. Lové au cœur de l’Europe, le pays ferme une à une ses écoutilles. La prochaine, si le peuple l’accepte le 9 juin prochain, sera la possibilité de déposer une demande d’asile dans une ambassade. La porte à double tour. Loin des yeux, loin du cœur?
L’affaire est évidemment plus complexe. La peur de «l’invasion étrangère» est une vieille antienne de la droite helvétique; or aucune barrière administrative n’est jamais parvenue à endiguer l’immigration. En bouclant ses frontières aux migrants économiques extra-européens, la Suisse n’a réussi qu’à embouteiller la procédure d’asile politique et à pousser nombre de migrants vers la précarité et l’illégalité. Un terreau fertile pour les manipulations des mouvements populistes, friands de boucs émissaires.
A trois semaines d’un nouveau vote sur l’asile, Le Courrier a voulu sonder ce désamour, en décrire les ressorts et les mythes, histoire de mieux les combattre. Car qu’on ne s’y trompe pas: le 9 juin, les Suisses ne voteront pas seulement sur une réforme de procédures mais feront une pesée entre leur crainte de devoir partager le cocon helvétique, qui plus est avec une population stigmatisée, et leur sentiment de solidarité envers leurs semblables en déshérence.
C’est en cela qu’au-delà du droit fondamental au refuge, cette question nous concerne tous. La violence sociale, morale, parfois physique à laquelle nous soumettons – souvent inconsciemment – cette population est un poison distillé à l’ensemble de la communauté. Comment s’étonner que les requérants d’asile soient ostracisés au sein de cette société toujours plus individualiste, chaque fois plus dure envers les faibles? Il n’y a aucun hasard si les pourfendeurs des droits sociaux sont les mêmes qui disent vouloir nous «protéger» des étrangers.
Aux slogans et préjugés qui ont déshumanisé notre rapport aux migrants, seules peuvent être opposées des réponses rationnelles et solidaires. Elles passent par une résistance de tout instant contre le démantèlement social. Car la solidarité est une école de vie.
Et cela passe aussi par l’engagement de la gauche en faveur d’une politique migratoire alternative. Personne ne demande à la Suisse d’accueillir «toute la misère du monde». Juste de ne pas céder à la misère de l’inhumanité.

Vous pouvez également consulter quelques articles du dossier en ligne.

 

 

Comments are closed.
Top